Au milieu des immeubles en briques rouges qui disparaissent dans le grand nuage de pollution recouvrant Bogotá, des murs peints apparaissent et accroche notre regard. Les artistes de Colombie et d’ailleurs dessinent et peignent un peu partout dans les villes, des immenses portraits, des animaux colorés, des phrases dans un mélange de culture urbaine et d’histoire. Paz, la paix, revient souvent dans ces fresques urbaines. Normal dans ce pays usé par des années de lutte armée, de meurtres et de violence quotidienne. Les armes aussi sont là, représentée sur les murs, faisant partie du décors. Des portraits géants montrent les différents visages d’une Colombie multiculturelle. Une femme noire de face, un homme de dos, un couple âgé d’indigènes, des enfants qui rient.
Jorge Nino Castillo, un artiste colombien, peint la lutte des indigènes pour préserver leurs territoires ancestraux. Apaz, lui, recouvre les murs de Cali de loups colorés et de créatures imaginaires, mi-homme mi-oiseaux. Le street-art colombien est politique et poétique.
À Cali toujours, toute une rue est remplie de portraits de femmes et de textes.“Ellas nos hacen falta”, c’est une campagne menée par le collectif « Mujeres y Hombres reparando ausencias ». Ils veulent créer une mobilisation sociale et un changement culturel au sein des institutions et du pouvoir afin de mettre fin aux féminicides et aux agressions sexuelles, aux meurtres sexistes et aux violences de genre. Ici des femmes sont agressées, violentées et tuées parce qu’elle ne correspondent pas à la définition de femme qui prédomine dans la société colombienne (et pas qu’en Colombie d’ailleurs). Cette campagne, en affichant en gros sur les murs de la ville les visages et les noms des femmes assassinées, répare symboliquement leur absence en maintenant leur présence. Reparando ausencias.
Un peu plus loin, c’est la littérature colombienne qui s’étale sur les murs. Des vers de Mariela del Nilo, la poète de la Valle del Cauca, et des citations de la légende nationale Gabriel García Marquez. “El día que la mierda tenga algún valor, los pobres nacerán sin culo », ce qui donne en français »Le jour où la merde aura de la valeur, les pauvres naîtront sans cul ». On apprend beaucoup de choses en marchant dans les rues de Colombie.
Les beaux liens :
- L’artiste Jorge Nino Castillo ici : INSTAGRAM
- L’artiste Apaz
- La campagne Ellas Nos Hacen Falta : sur twitter avec le hashtag #EllasNosHacenFalta et là : FACEBOOK
De très jolies fresques…très colorées. (Suzanne)
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C’est hyper beau, un Berlin sous le soleil
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La violence toujours et toujours où sont les Hommes. Mais que feraient-ils sans la violence?
C’est un mal qui est en eux et même l’art est exacerbé par cette pulsion.
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